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DES SCIENCES, L. IV. CH. I.

de procurer au malade, lorsqu’il n’y a plus d’espérance, une mort douce et paisible. Car ce n’est pas la moindre partie du bonheur que cette euthanasie (qu’Auguste souhaitoit si fort pour lui-même), et qu’on observa aussi au décès d’Antonin-le-Pieux, qui sembloit moins mourir, que tomber peu à peu dans un sommeil doux et profond. On rapporte aussi d’Épicure, qu’au moment où sa maladie ne laissoit plus d’espérance, il se procura une pareille mort en se gorgeant de vin, et noyant, pour ainsi dire, l’estomac et le sentiment ; ce qui donna lieu à ce trait d’épigramme :

Ce fut ainsi qu’il but l’eau du Styx étant ivre.

C’est-à-dire, qu’à l’aide du vin, il masqua l’amertume des eaux du Styx. Mais, de notre temps, les médecins semblent se faire une loi d’abandonner les malades dès qu’ils sont à l’extrémité[1].

  1. Conduite assez naturelle ; car il semble, au premier coup d’œil, que, dans ce terrible mo-