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DES SCIENCES, L. IV. CH. I.

jet est placé trop loin de sa vue. Car, de même que le sens, lorsqu’il est fort éloigné de l’objet, se trompe le plus souvent ; et qu’au contraire, lorsqu’il s’en approche suffisamment, il ne se fait plus illusion, il en est de même de l’entendement. Or, les hommes sont dans l’habitude de contempler la nature comme d’une tour élevée, et de s’attacher trop aux généralités. Que s’ils daignoient descendre de là, s’abaisser aux faits particuliers, considérer les choses mêmes avec plus d’attention et de constance ; ce seroit alors qu’ils acquerroient des connoissances plus réelles et plus utiles. Ainsi le remède à cet inconvénient n’est pas seulement d’aiguiser l’organe même ou de le fortifier ; mais c’est aussi de l’approcher davantage de l’objet. Il n’est donc pas douteux que, si si les médecins, abandonnant un peu ces généralités, alloient au-devant de la nature, ils parviendroient à ce degré de sûreté que le poëte exprime ainsi :

Les maladies varient ; eh bien ! nous varierons nos méthodes de traitement ;