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DES SCIENCES, L. IV. CH. I.

place dans la médecine ; il n’est point de médecin un peu versé, qui ne considère et ne modifie les dispositions accidentelles de l’âme, les regardant comme un objet très digne de considération dans le traitement, et comme pouvant ou aider l’action des remèdes, ou en empêcher l’effet. Mais une autre question qui a ici sa place et dont on ne s’est guère occupé, ou du moins pas en raison de son utilité et de sa difficulté, c’est de savoir jusqu’à quoi point, abstraction faite des affections, l’imagination même de l’âme, une pensée, dis-je, très fixe, et exaltée au point de devenir une sorte de foi, peut modifier le corps de celui qui imagine ; car, quoiqu’une telle pensée ait manifestement le pouvoir de nuire, il ne s’ensuit nullement qu’elle ait au même degré celui d’être utile ; pas plus certainement que si, de ce qu’il est tel air pestilentiel qui peut tuer sur-le-champ, on en concluoit qu’il est aussi d’autres espèces d’air qui peuvent guérir subitement un malade et le remettre aussi-