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Au reste, il est hors de doute que la quantité est de toutes les formes naturelles, telles que nous les entendons, la plus abstraite et la plus séparable de la matière[1], et c’est par cette raison-là même qu’on s’en est tout autrement occupé, que de ces autres formes qui sont plus profondément plongées dans la matière. Car, comme, en vertu d’un penchant vraiment inné, l’esprit humain se plaît beaucoup plus dans les choses gé-

    corps, et qui influe sur toutes leurs propriétés. Or, la figure d’un composé dépend du nombre et de l’arrangement de ses élémens. Ainsi l’opinion de Pythagore n’est rien moins qu’absurde, et ce qu’elle a d’étrange vient sans doute de l’exagération qu’y auront mise ses disciples, qui lui auront fait dire ce qu’il n’avoit pas dit, ou des copistes, ou des traducteurs, ou des lecteurs même qui l’auront jugé avant de l’avoir bien médité.

  1. On croit communément que l’idée de l’être est la plus générale de toutes les idées ; mais ce n’est qu’une erreur ; car l’idée de nombre l’est beaucoup plus, puisqu’elle s’applique à tous les objets du nos pensées, soit réels, soit possibles, soit imaginaires.