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cette magie naturelle superficielle et si indigne de son origine, sur les hommes qui s’en occupent, ressemble fort à celui de certains narcotiques, qui excitent à dormir, et qui, durant ce sommeil, procurent des songes rians et flatteurs. Car, en premier lieu, ils assoupissent l’entendement, en chantant des propriétés spécifiques, des vertus occultes et comme envoyées du ciel, qu’on ne peut apprendre que par le chuchotement des gens à secrets. D’où il arrive que les hommes ne savent plus s’exciter et s’éveiller eux-mêmes, pour s’appliquer à la recherche des véritables causes, se reposant sur des opinions oiseuses de cette espèce, et adoptées sur parole. En second lieu, elle insinue peu à peu dans l’esprit une infinité d’imaginations agréables, et semblables à ces rêves dans lesquels on aime à se bercer. Or, une observation à faire sur ces sciences qui tiennent trop de l’imagination et de la foi, telles que cette magie superficielle dont nous parlons ici, l’alchymie, l’astrologie, et autres