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des anciens.


XV. Cupidon, ou l’atome[1].


Ce que les différens poëtes ont dit de

    vague : en voici une plus précise et fondée sur une grave autorité. Sanchoniaton prétend que, pour subjuguer une femme aimable, dont on veut avoir la propriété usufruitière et s’élever plus aisément à l’auguste dignité de mari, il faut tâcher de se donner l’air d’un sot, attendu que les femmes ne cherchent que cela : il ajoute que chaque individu de ce sexe si doux veut avoir un héros pour amant et un sot pour époux : mais comme les femmes sont naturellement compatissantes, le véritable sens de cette fable est que, si le faste et l’appareil de la grandeur est un moyen pour subjuguer la vanité des femmes, la plus sûre méthode pour obtenir leur tendresse, c’est d’exciter en elles une commisération renforcée par l’estime.

  1. Comme cette fable se trouve aussi en tête de l’ouvrage suivant, qui est le dernier de cette collection, mon premier dessein étoit de fondre ensemble les deux narrations et les deux explications, pour n’en faire qu’une seule fable et une seule interprétation, en retranchant de la seconde tout ce qui se trouve dans la première, et en ajoutant à cette première tout ce qui n’est que dans la seconde : mais m’étant apperçu que ces deux ex-