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de la sagesse

Cette fable, très ingénieuse, pénètre dans les replis les plus profonds du cœur humain ; en voici le sens : Que les hommes ne se flattent pas au point d’imaginer qu’après s’être distingués par mille preuves de talens et de vertus, ils seront assurés de l’estime générale et gagneront tous les cœurs ; c’est un double avantage qu’ils n’obtiendront qu’à raison du tour d’esprit et du caractère des personnes dont ils rechercheront l’estime et l’affection : s’ils ont affaire à des personnes dépourvues de toutes qualités estimables, et qui n’aient que de l’orgueil, joint à beaucoup de malignité (genre de caractère figuré dans cette fable sous le caractère de Junon) ; qu’ils se persuadent bien qu’ils doivent commencer par se dépouiller de tout ce qui peut leur faire honneur et leur donner du relief ; autrement ils échoueront : et ce n’est pas assez d’une complaisance outrée, en pareil cas, c’est de la bassesse et de l’abjection qu’il faut[1].

  1. Cette explication nous paroît un peu trop