Page:Bacon - Œuvres, tome 15.djvu/83

Cette page a été validée par deux contributeurs.
78
de la sagesse

avantage extérieur qui les distingue, et par de vains applaudissemens, ils forment des entreprises au-dessus de leurs forces ; ils osent défier des héros ; ils se mesurent avec eux, et succombent dans un combat si inégal ; mais une commisération universelle et de longs regrets honorent leur mémoire. Rien, dans les destinées des mortels, n’est plus déplorable et n’excite de plus vifs regrets que la vertu moissonnée dans sa fleur. Car, celui qui périt ainsi avant le temps, n’a

    la vie humaine ; ce qui n’est pas tout-à-fait une figure poétique, mais une comparaison fondée sur une analogie physique ; car, à tout âge et en tout temps, on se sent plus jeune le matin que le soir ; la vie est toute composée de naissances, de morts et de renaissances alternatives. Nous mourons, en quelque manière, en nous endormant ; et en nous éveillant, nous ressuscitons : durant toute la matinée de chaque jour, nous avons encore peu vécu, et nous sommes encore jeunes, par rapport à ce jour-là, comme nous le sommes durant la matinée de cette journée un peu plus longue, que nous appellons la vie.