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PRÉFACE

rent naturellement les choses antiques ; genre de prestige qui n’est particulier à aucun siècle et dont les anciens n’ont pas moins usé que les modernes. C’est ainsi, par exemple que Chrysippe, abandonnant le rôle de philosophe pour jouer celui d’un interprète de songes attribuoit aux plus anciens poëtes les opinions des stoïciens ; et que les chymistes abusés par une prévention encore plus ridicule, ont voulu appliquer ces jeux de l’imagination des poëtes, aux transformations des corps, et à ces expériences qu’ils faisoient à l’aide de leurs fourneaux. Nous connoissons, dis-je, tous ces abus, et nous pressentons toutes les objections auxquelles ils peuvent donner lieu voyant assez combien d’esprits frivoles ou audacieux se sont donné carrière par rapport à ces allégories. Mais, après avoir mûrement considéré et suffisamment pesé tous ces inconvéniens nous n’y voyons point du tout une raison pour changer de sentiment sur ce point, ni pour abandonner notre des-