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de la sagesse

liens, se tourne en tous sens pour s’échapper, subit les plus étranges métamorphoses, et prend successivement une infinité de formes différentes ; en sorte qu’alors, après avoir parcouru toutes les combinaisons, tous les modes, tous les degrés, toutes les nuances et, en quelque manière, fait le cercle, elle semble revenir à son premier état, si l’on continue à lui faire violence. Or, la plus sûre méthode pour la resserrer et la lier ainsi, c’est de lui mettre, pour ainsi dire, des menotes ; c’est à dire, d’employer les moyens extrêmes (le maximum et le minimum, dans chaque genre d’opération). Cette partie de la fable, qui suppose que Protée est devin, et connoît tout à la fois le passé, le présent et l’avenir, est parfaitement conforme à la nature même de la matière ; or, il est évident que tout homme qui connoîtroit les passions, les appétits et les procédés primitifs de la matière (les forces primordiales et les opérations primitives et intimes de la matière), auroit, par cela seul, une con-