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de la sagesse

peau de Protée paroît n’être autre chose que l’image des espèces ordinaires d’animaux, de plantes et de minéraux, où la matière paroît se répandre, et, en quelque manière, s’épuiser ; en sorte qu’après avoir complètement formé ces espèces, elle semble dormir ou se reposer, et n’être plus tentée d’en former d’autres, ou de préparer leur formation : voilà ce que signifie cette partie de la fable, qui dit que Protée compte son troupeau, et se livre ensuite au sommeil. Il est dit qu’il fait cette opération vers le midi, et non vers l’aurore, ou vers le soir ; c’est-à-dire, dans le temps où la matière est suffisamment préparée, élaborée, et, pour ainsi dire, mûrie, pour former et faire éclorre les espèces : temps qui tient le milieu entre celui où se forment les simples ébauches de ces espèces, et celui où elles dégénèrent. Or, ce temps, comme l’histoire sacrée en fait foi, fut celui même de la création (de la formation de l’univers). Car alors, par la force de cette parole divine qu’elle produise (ou produis), la