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DE LA SAGESSE

et se coalisent pour attaquer les souverains et les détrôner. Puis, lorsque le parti insurgent est abattu, et la révolte étouffée, cette même nature de la populace, qui applaudit en secret aux perturbateurs des états, et qui ne peut endurer le repos[1], enfante des bruits séditieux, des murmures, des médisances, des plaintes et des libelles, qui circulent pour décréditer le gouvernement et le rendre odieux ; en sorte que les discours et les déportemens des rebelles semblent être d’une même extraction, d’une même race, et ne différer tout au plus que par le sexe ; les actions étant mâles, et les paroles femelles[2].

  1. Le peuple ne peut endurer son état parce que sa misère n’est pas un repos, mais une continuelle agitation occasionnée par une multitude immense de besoins non satisfaits ; et il voudroit se délasser par un peu plus d’aisance que les séditieux lui promettent toujours et ne lui donnent jamais : celui qui ne pêche rien dans l’eau claire, tâche de pêcher dans l’eau trouble.
  2. Les livres sont un peu plus mâles que les