Page:Bacon - Œuvres, tome 15.djvu/54

Cette page a été validée par deux contributeurs.
49
DES ANCIENS

dieux, et voulant tirer vengeance de la défaite de ses fils enfanta la renommée, qui doit en conséquence être regardée comme leur sœur puînée et posthume, suivant cette fiction d’un poëte célèbre.

La terre irritée par la colère des dieux, l’enfanta, dit-on après Cée et Encelade.

Voici quel paroît être le sens de cette fable. La terre représente la nature séditieuse du vulgaire ou du peuple qui, étant presque toujours mécontent de ceux qui gouvernent, soupire après les innovations[1]. Cette mauvaise disposition, lorsque l’occasion paroît favorable, enfante, pour ainsi dire, les rebelles et les séditieux, qui trament des complots,

  1. Ce gouvernement dont le peuple est l’ennemi, ce n’est nommément ni la monarchie, ni l’aristocratie ni la démocratie, mais celui auquel il est actuellement soumis ; et c’est toujours le tenant qui a tort à ses yeux. L’homme est toujours mécontent de sa situation, et le peuple est un composé d’hommes non moins injustes que ceux qui les gouvernent.