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DES ANCIENS

prince des avantages très réels. Il se peut, à la vérité, que leur maître ne les élève point aux grandes dignités ; mais, comme il a pour eux une affection sincère, et ne les aime pas seulement en vue de l’utilité et des services qu’il peut tirer d’eux, il verse sur eux une infinité de graces d’une autre espèce ; et, par sa munificence, il ne tarde pas à les enrichir[1].

  1. Le lecteur observe sans doute que notre philosophe courtisan applique fréquemment aux rois et à leur cour ces fables qu’il explique. Un curé croit voir, dans la lune, son clocher ; une femme sensible, son amant ; et un courtisan, son despote ; chacun, en un mot, l’objet dont il a l’imagination remplie. Cependant il nous semble que cette fable s’appliquerait, avec beaucoup plus de justesse, à une femme d’un rang très élevé, qui étant passionnée pour un homme d’une classe très inférieure, mais doué du talent de plaire s’abaisse à l’aimer, le va trouver en secret, lui fait toutes les avances et prend soin de sa fortune, en partie par tendresse, en partie par vanité, et pour avoir moins à descendre et à rougir. Si l’inventeur de cette fable eût