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DE LA SAGESSE

qu’il est toujours facile aux princes de pallier, par une infinité de prétextes spécieux, leur cupidité, leur ambition et leur mauvaise foi, attendu qu’ils ne voient au-dessus d’eux aucune puissance à laquelle ils soient forcés de rendre compte de leurs actions. Aussi a-t-on raison de dire que la garantie proprement dite et la vraie sanction de ces traités n’est rien moins qu’une puissance céleste mais la nécessité (la seule qui soit respectée des puissances de ce monde), le danger imminent de leurs états et l’utilité réciproque ; car la plus élégante image de la nécessité, c’est le Styx, fleuve redoutable que tout mortel doit passer et ne repassera jamais. Ce fut aussi la seule divinité que l’Athénien Iphicrate voulut avoir pour garant d’un traité ; et comme cet illustre personnage est le seul qui ait osé dire hautement ce que tant d’autres pensoient secrètement, il ne sera pas inutile de rapporter ici ses propres paroles voyant les Lacédémoniens imaginer et proposer une infinité de précautions et de sanctions,