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DES ANCIENS

sont comme leurs échos. Mais, enflés de ces continuels applaudissemens, gâtés par ces cajoleries, et rendus presque immobiles par cette admiration qu’ils ont pour eux-mêmes, ils deviennent excessivement paresseux, et tombent dans une sorte d’engourdissement qui les rend incapables de toute entreprise dont l’exécution demande un peu de vigueur et d’activité. C’est avec autant de jugement que d’élégance que les poëtes ont choisi une fleur printanière pour image des individus dont nous parlons. En effet, les hommes de ce caractère ont une certaine fleur de talent, et acquièrent un peu de célébrité durant leur jeunesse mais, dans l’âge mûr, ils trompent l’attente de leurs admirateurs, et ces grandes espérances qu’on avoit conçues d’eux. C’est dans le même esprit que les poètes ont feint que cette fleur est consacrée aux dieux infernaux, les hommes atteints de cette maladie n’étant propres à rien or, tout ce qui de soi-même ne donne aucun fruit, mais passe et s’efface à l’ins-