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la seconde ; car mieux on analyse un sujet, mieux ensuite on voit les différences et les analogies du tout et de ses parties. Il est une infinité de sujets dont la connoissance peut nous être plus utile que celle des sujets que nous connoissons le mieux, mais auxquels personne ne pense ; et alors celui qui en acquiert la connoissance complète, a beaucoup moins de mérite en cela que celui qui s’est avisé le premier de les regarder et de les analyser. Par la lecture, attentive et soutenue, des ouvrages du chancelier Bacon, on acquiert au moins huit facultés ou dispositions principales ; l’habitude de penser par soi-même et de se défier des opinions reçues ; celle de se défier de ses propres opinions et de dégager son esprit des entraves de ses propres habitudes ; celle de partir toujours de l’expérience, et de marcher sans cesse vers la pratique ; celle de décomposer tous les sujets et de les envisager par toutes leurs faces ; la pénétration ; l’étendue d’esprit ; la fécondité ; enfin la méthode dans l’invention et l’exposition ; sans compter les vues utiles, les vérités positives qu’il montre nettement, fait entrevoir, ou aide à voir, même lorsqu’il ne les apperçoit pas ; car souvent, en s’égarant lui-même, il met les autres sur la voie, par cela seul qu’en commençant une recherche dont il montre l’utilité, mais qu’il abandonne trop tôt, il pousse, en quelque manière, son disciple dans