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rien dire. Quand on manque d’idées en physique, on y substitue des hyperboles. Si Bacon eut tiré de cette considération quelque vérité utile, il auroit pris la peine de nous la communiquer et d’en faire voir l’utilité ; mais, n’ayant pu en déduire de vraies connoissances, il n’en déduit que des mots. Au reste, j’ai été obligé, pour donner quelque sens à ce pompeux amphigouris, d’appliquer tantôt à l’impénétrabilité de la matière, tantôt à la matière même, ce qu’il affirme de la vertu par laquelle la quantité totale de la matière de l’univers est toujours la même. Le vice dominant du style de notre auteur est le trop fréquent usage des translations ; et, comme il oublie quelquefois, chemin faisant, le sujet dont il parle, et le but auquel il tend, il attribue à un sujet ce qui convient à un autre ; il personifie et la matière et les mouvemens, et les tendances ou les simples efforts, et même les privations de modes, ainsi que les modes positifs : en sorte que, selon lui, l’impénétrabilité de la matière et l’éternelle égalité de sa quantité totale, égalité qu’il appelle une vertu, se fortifie dans la place qu’elle occupe, pousse violemment tout ce qui veut l’en débusquer, s’irrite contre tout ce qui lui résiste, et demeure enfin victorieuse. Cependant sous ce fatras même, se cachent toujours quelques vues utiles, ou du moins des analyses, des distinctions et des divi-