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velles planètes, ou de nouvelles comètes ; et le génie en découvre d’autres que l’œil humain, armé des meilleurs instrumens, ne verra jamais.

(n) Puisqu’il y a des choses qu’ils ne produisent pas, et qu’il en est d’autres qui les produisent eux-mêmes. Telle est aussi la principale objection de Boërrhave (un des premiers disciples de Bacon) contre la fameuse doctrine des quatre tempéramens, inventée, ou plutôt adoptée par Hippocrate, par Galien, son disciple, et par les scholastiques. J’ai fait voir, dans une note du Novum Organum, que les scholastiques s’étoient mépris par rapport à cette doctrine, et que les médecins les plus modernes ne s’étoient pas moins trompés, en la rejetant, que leurs maîtres en l’adoptant ; que ces maîtres eux-mêmes ne l’avoient pas parfaitement entendue, s’étant beaucoup plus occupés à l’appliquer et en tirer parti, qu’à en découvrir l’origine, à en saisir le véritable esprit, et à la bien enseigner ; que l’erreur de ces grands maîtres consistoit proprement à avoir attribué, en quelque manière, une existence de réalité à des abstractions méthodiques ; que ces tempéramens n’étoient que des limites purement idéales, hypothétiques et semblables, par leur origine et leur destination, aux figures régulières de la géométrie, aux personnages mis en action sur le théâtre, dans les poëmes épiques, dans les idylles,