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tre étant d’ailleurs démontrée, la lune a donc une de ses moitiés plus dense et plus pesante que l’autre ; moitié qui, en vertu de cet excès de pesanteur, doit être toujours tournée vers la planète qui attire le tout. C’est, en quelque manière, une boule qui a un fort ; car il n’est nullement vraisemblable que la révolution qu’elle fait sur elle-même, puisse, par toute autre cause que celle-là, coïncider aussi exactement avec la révolution qu’elle fait autour de notre globe. Mais si le globe terrestre étoit intérieurement composé de matières hétérogènes, comme sa croûte extérieure, son centre de gravité seroit différent de son centre de figure (ou de grandeur) : si la distance entre ces deux centres étoit fort grande, notre globe auroit aussi une de ses moitiés toujours tournée vers le soleil (au lieu de lui présenter successivement, comme il le fait, les différentes parties de ses deux moitiés ; savoir, obliquement, celles des deux zônes tempérées, et encore plus obliquement, celles des deux zônes glaciales, mais perpcndiculairement, ou presque perpendiculairement, celles de la zône torride, qui, à cause de la figure sphéroïdale du globe terrestre, sont plus prominentes, et par conséquent un peu plus attirées par l’astre central, qu’elles ne le seroient, si cette figure étoit sphérique) : enfin si cette distance étoit médiocre, le mouvement diurne du globe terrestre ne pourroit