Page:Bacon - Œuvres, tome 15.djvu/396

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qualité déterminée. Sa proposition est aussi fausse qu’obscure ; c’est seulement des composés qu’on ne peut jamais dire qu’ils sont actuellement telle ou telle chose, puisqu’ils changent au moment même où l’on en parle ; au lieu que l’atome où l’élément est immuable ; ce qu’il est actuellement, il l’a toujours été et le sera toujours ; son acte, (son mode actuel) est éternel. Supposons qu’un homme, qui n’auroit jamais vu ou senti ni terre, ni eau, ni air, ni feu, prétendît que les animaux, les végétaux et les minéraux sont composés d’élémens doués de certaines qualités spécifiques et déterminées, qui sont les vrais principes des qualités composées et sensibles, mais qui ne paroîtroient pas semblables extérieurement, si elles pouvoient tomber sous les sens ; enfin, que ces élémens, en se combinant en différentes proportions et en s’arrangeant de différentes manières, peuvent former des composés doués de qualités composées aussi, qui paroîtroient fort différentes de celles de leurs parties constitutives, si celles-ci devenoient également sensibles ; cet homme, dis-je, seroit-il dans l’erreur ? Non, sans doute ; car la terre, l’eau, l’air, etc. entrent dans la composition de ma main ; cependant elle ne ressemble ni à l’eau, ni à l’air, ni à la terre, etc. dont elle est composée, ni aux assemblages grossiers que nous pourrions former de ces éiémens réunis. Eh bien !