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ordonne aussi d’avertir les prêtres de la vraie religion, avec lesquels, comme on sait, nous sommes associés pour l’éducation de la jeunesse, que cet exposé contient une hérésie abominable ; car tout physicien théologiste, qui est bien sûr de connoître l’univers entier, et de ne rien omettre dans ses divisions, ayant divisé tous les êtres en deux classes, savoir, en ames et en corps, il s’ensuit évidemment que Parménide et Télèse, lorsqu’ils soutenoient que le chaud et le froid devoient être regardés comme deux substances incorporelles, étoient deux hérésiarques au premier chef, et méritoient d’être jetés dans le feu éternel à travers le feu temporel.

(h) Car ses observations sur le systême du monde sont assez judicieuses ; mais il n’en est pas de même de ce qu’il dit sur les principes. Le vrai foible de ce systême et de toutes les hypothèses analogues, c’est qu’elles ne rendent point du tout raison de l’intelligence de certains êtres, ni même de la faculté de sentir, commune à tous les animaux. Quand j’ai trop chaud, ou trop froid, j’y remédie par différens moyens : ce moi intelligent qui perçoit et observe, dans le corps auquel il est uni, l’un ou l’autre de ces deux excès, et qui y remédie, n’est certainement ni la cause du chaud, ni celle du froid, ni enfin celle de l’un et de l’autre ; puisque c’est malgré moi que j’ai trop chaud