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DES ANCIENS

ton pour les oreilles novices ; qui, enfin, semblent ignorer qu’il est un temps pour parler, et un temps pour se taire car, quoique les gens de ce caractère aient toutes les connoissances et toute l’énergie requises pour donner un conseil salutaire et courageux ; cependant, malgré tous leurs talens et tout leur zèle, comme ils manquent de la dextérité nécessaire pour manier les esprits, rarement ils réussissent à persuader ce qu’ils conseillent, et ils ont peu d’aptitude pour les affaires[1] ; ils sont même nuisibles à

  1. La plus utile de toutes les sciences, c’est celle des convenances. Le véritable sot est celui qui les ignore, soit parce qu’il ne les cherche pas, soit parce qu’il ne sait pas les découvrir. L’homme vraiment savant c’est celui qui sait le mieux ce qui convient à l’homme en général et à tel homme dans tel temps dans tel lieu dans telle situation et la première partie des mathématiques (comme nous le disions ailleurs et comme il n’est pas inutile de le redire), c’est l’art de mesurer ses discours et ses actions sur le tour d’esprit et le caractère de ceux avec qui l’on est