Page:Bacon - Œuvres, tome 15.djvu/23

Cette page a été validée par deux contributeurs.
18
PRÉFACE


Ainsi, terminant ce préambule par une vérité importante, la sagesse des premiers siècles, dirons-nous, fut, ou très grande, ou très heureuse : très grande, si les premiers sages inventèrent à dessein ces figures et ces allégories ; très

    ayant attaché leur réputation ou, leur subsistance ; mais auquel les autres hommes n’entendent rien et qu’ils ne daignent pas même écouter : en-sorte que l’art de raisonner n’est le plus souvent que l’art d’ennuyer. Socrate est celui de tous les philosophes qui a le mieux compris que, pour instruire les ignorans, il ne faut pas être trop savant avec eux. Ce que nous ignorons a presque toujours quelque analogie avec ce que nous savons ; il est donc presque toujours possible de nous conduire, par de simples comparaisons, de ce que nous savons à ce que nous ignorons. C’est là le véritable but des fables, des apologues, des paraboles, des emblêmes, des allégories, des métaphores, des translations et des similitudes, de toute espèce ; toutes formes de discours qui ont pour base l’analogie ; car l’analogie est le fil que la nature a mis dans les mains de l’homme, pour l’aider à marcher du connu à l’inconnu, et lui épargner une partie des frais de l’expérience.