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DES PRINC. ET DES ORIGIN.

parable). Il faut la prendre telle qu’on la trouve, et l’on n’en peut juger à l’aide de quelque prénotion fondée sur l’analogie. S’il étoit possible de connoître sa nature et son mode d’action, on ne pourroit parvenir à cette connoissance par celle de sa cause ; étant, après Dieu, la cause de toutes les causes, elle est elle-même sans cause, et par conséquent inexplicable. Car, dans cette recherche des causes naturelles, il est un terme où il faut savoir s’arrêter ; et demander, ou chercher soi-même quelle est la cause d’une force primordiale, ou d’une loi positive de la nature ; ce n’est pas moins manquer de philosophie, que de ne point demander ou chercher celles des choses qui, étant subordonnées à d’autres, sont susceptibles d’explication. Ainsi c’est avec fondement que les sages de l’antiquité supposent que Cupidon est sans père, c’est-à-dire sans cause. Or, cette observation sur laquelle nous insistons ici, n’est rien moins qu’indifférente, j’oserai même dire qu’il en est peu d’aussi impor-