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PRÉFACE


envelopper des vérités qui, bien qu’utiles, ont besoin d’être un peu voilées, mais une simple méthode d’enseignement ; car alors les esprits, encore foibles et grossiers, repoussant toute pensée trop subtile ou trop abstraite, ne pouvoient encore saisir que les vérités sensibles ; comme l’invention des hiéroglyphes est plus ancienne que celle des lettres de l’alphabet, l’invention de ces paraboles a aussi précédé celle des argumens ; et, même de nos jours, tout homme qui veut éclairer les esprits, en ménageant leur faiblesse, est encore obligé de suivre la même méthode, et de recourir fréquemment aux similitudes[1].

  1. La raison même, éclairée par l’expérience, nous dit qu’il faut raisonner peu avec les individus ou les peuples encore enfans, et leur donner beaucoup d’images ; parce que, dans les uns et les autres, c’est l’imagination qui domine. Les raisonnemens, sur-tout ceux qui sont très généraux et très composés, sont une espèce d’algèbre qui n’est utile et qui ne plaît qu’à ceux qui sont fort exercés à ce calcul et qui en font métier, y