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DES ANCIENS

premier est de remonter à la source du mal et de le prévenir, en évitant avec le plus grand soin, toutes les occasions tentatives et les objets trop séduisans, comme le firent les compagnons d’Ulysse, conformément à l’ordre de leur chef : remède toutefois qui ne convient et qui n’est absolument nécessaire qu’aux ames foibles et vulgaires, représentées dans cette fable par les compagnons d’Ulysse ; car les ames plus élevées, armées d’une ferme résolution, peuvent braver la volupté, et même s’exposer impunément aux tentations les plus dangereuses ; disons plus, elles aiment à faire ainsi l’épreuve de leur vertu et l’essai de leurs forces ; elles ne dédaignent même pas de s’instruire de tous ces détails frivoles qui concernent les voluptés, non pour s’y livrer, mais seulement pour les mieux connoître. C’étoit ce que Salomon disoit de lui-même après avoir fait l’énumération très détaillée de tous les plaisirs dont il jouissoit ou pouvoit jouir ; énumération qu’il termine ainsi : Et la sa-