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PRÉFACE

vertes, mais trop éloignées des opinions vulgaires, et les pensées trop abstraites : aussi, dans ces premiers siècles, temps où les inventions et les déductions de la raison humaine, même celles qui aujourd’hui sont triviales et rebattues, étoient encore nouvelles et paroissoient étranges, tous les écrits et les discours étoient remplis de fables, d’apologues de paraboles, d’énigmes, d’emblêmes, d’allégories et de similitudes de toute espèce. À cette époque ce langage figuré n’étoit pas encore un moyen destiné à

    peu composée dont il ne pourroit saisir qu’une partie, par la voie sèche et pénible du raisonnement.

    13.o Une fable, une fiction quelconque peut servir à enseigner une erreur qu’on qualifie d’utile, parce qu’elle l’est, sinon à ceux qui l’apprennent, du moins à ceux qui l’enseignent : par exemple, elle peut servir à construire ou à fabriquer une religion ; car s’il est vrai qu’il n’y ait qu’une seule vraie religion, il est clair que toutes les autres ne sont que des fables et que, si ces fables ne sont pas des allégories, ce sont donc des mensonges.