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DE LA SAGESSE


XXVII. Les Sirènes, ou la volupté.


On a de tout temps appliqué la fable des sirènes aux dangereux attraits de la volupté ; mais, dans l’application qu’on en a faite jusqu’ici, et qui est assez juste quant au fond, on n’a saisi que ce qui se présentait à la première vue. Cette sagesse des anciens peut être comparée à des raisins mal foulés, et dont on a exprimé quelques sucs, en y laissant ce qu’il y avoit de meilleur.

Les sirènes, étoient filles d’Acheloüs et de Terpsichore, une des neuf muses. Dans les premiers temps, elles eurent des ailes ; mais ayant fait aux muses un téméraire défi, ces ailes leurs furent ôtées. De ces plumes qui leur furent arrachées, les muses se firent des espèces de couronnes en sorte que, depuis cette époque, elles ont toutes des ailes à la tête, à l’exception d’une seule ; savoir, celle qui étoit la mère des sirènes : ces sirènes habitoient certaines isles de l’aspect le plus riant ; lorsque, de la hauteur où elles se tenoient ordinairement, elles ap-