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DES ANCIENS.

ne : et ces énigmes, dans une infinité d’occasions, étoient si importantes, que, s’il n’en eût trouvé la solution sur-le-champ, il eût été perdu presque sans ressource. La fable ajoute que le corps du Sphinx vaincu fut mis sur un âne, addition très judicieuse ; car, lorsque les vérités les plus abstruses sont une fois bien éclaircies et ensuite publiées, l’esprit le plus médiocre est en état de les comprendre, de les saisir, et, en quelque manière, de les porter. Une autre circonstance qu’il ne faut pas oublier, c’est que ce même homme qui fut vainqueur du Sphinx avoit les pieds enflés, et peu d’aptitude pour la course. En effet, lorsque les hommes veulent résoudre les énigmes du Sphinx, leur précipitation et leur impatience leur fait manquer la solution ; et alors le Sphinx demeurant victorieux, ils éprouvent ce tiraillement et ce déchirement d’esprit qui est l’effet ordinaire des disputes auxquelles ils se livrent ; au lieu de régner par les œuvres et les effets,