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DES ANCIENS.

il ne fait alors qu’errer, et, pour ainsi dire, se promener en toute liberté ; la diversité des sujets qu’il médite est agréable, et ses doutes mêmes ne sont pas sans plaisir. Mais sitôt que les énigmes passent des muses au Sphinx, c’est-à-dire, lorsqu’il faut appliquer la théorie à la pratique, faire un choix entre plusieurs moyens, former une résolution fixe, prendre son parti sur-le-champ et passer aussi-tôt à l’exécution, alors ces énigmes ne sont plus un amusement, et si l’on n’en trouve le mot, elles deviennent une source d’inquiétudes, l’esprit est tiraillé en tous sens et l’ame est déchirée ; c’est un vrai supplice. En conséquence, à ces énigmes proposées par le Sphinx, sont jointes deux conditions de natures bien opposées ; celui qui ne peut les résoudre, est conduit au supplice de l’incertitude et de l’irrésolution ; au lieu que celui qui les résout, obtient une couronne : car tout homme qui ne se mêle que des affaires qu’il entend, arrive à son