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DE LA SAGESSE

profondément. Or, toute science semble être placée sur une montagne escarpée c’est avec fondement qu’on la regarde comme quelque chose de sublime et d’élevé ; car, de cette hauteur où la science est placée, elle semble abaisser ses regards sur l’ignorance, et les promener sur l’espace immense qui l’environne, comme on le peut faire du sommet d’une montagne très élevée. On ajoute que le Sphinx infestoit les chemins ; parce que, dans le pèlerinage de cette vie, l’homme trouve par-tout l’occasion de s’instruire et des sujets de méditation. Le Sphinx propose aux passans des questions obscures, des énigmes difficiles à expliquer, et que les muses lui ont apprises. Cependant, tant que ces énigmes ne sont connues que des muses, il ne s’y joint aucune teinte de cruauté. Car, tant que le but des méditations et des recherches se borne au seul plaisir de savoir, de s’instruire, l’entendement est à son aise et aucune nécessité ne le presse ;