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DES ANCIENS.

ailes d’un oiseau, et les serres d’un gryphon. Il se tenoit ordinairement sur une montagne de la Béotie  ; poste d’où il in-

    mêmes individus en différens temps ; et que souvent deux maximes opposées qui n’étant que contraires, paraissent contradictoires, ne sont que les deux moitiés, symmétriquement opposées et également nécessaires, d’un seul précepte complet. Si, dans toute action ou passion l’on peut pécher de deux manières, savoir par excès ou par défaut, n’est-il pas clair que pour se tenir au milieu, il faut se défier également des deux extrêmes ? Tout précepte complet doit donc être composé de deux parties, dont l’une serve à nous préserver de l’excès, et l’autre, du défaut. L’unique moyen d’éviter tout à la fois l’excès et le défaut, c’est d’aller et revenir sans cesse vers l’un et vers l’autre, en avançant le moins possible vers chaque extrême ; car la vie humaine étant un mouvement perpétuel, et l’homme ne pouvant rester longtemps au même point, il est forcé de croître et de décroître sans cesse et alternativement, par rapport à sa substance et à tous ses modes, à ses parties et à son tout. Ainsi, ne pouvant se tenir dans ce milieu où résident la santé, la sagesse, la vertu et le bonheur, il doit, sitôt qu’en évitant l’un des deux extrêmes, il a passé le milieu, virer de