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DE LA SAGESSE

les joûtes de cette espèce sont tombées en désuétude depuis long-temps ; les sciences n’ayant été florissantes que dans leurs premiers inventeurs tels qu’Aristote, Galien, Euclide, Ptolomée, etc. et leurs successeurs n’ayant rien fait et presque rien tenté de grand. Il seroit à souhaiter que ces jeux, en l’honneur de Prométhée ou de la nature humaine, fussent rétablis. Ils pourroient exciter une louable émulation et provoquer des joûtes utiles ; car alors la succession des sciences ne dépendroit plus du frêle flambeau d’un seul individu, flambeau perpétuellement agité et toujours prêt à s’éteindre. Ainsi on ne sauroit trop exhorter les hommes à s’éveiller eux-mêmes, et à fournir leur carrière avec vigueur, au lieu de se reposer entièrement, comme ils le font, sur l’autorité d’un petit nombre d’esprits.

Telles sont les vérités que cette fable si connue nous présente sous la voile mystérieux de l’allégorie. Cependant, nous ne disconvenons pas qu’elle n’en