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PRÉFACE

ceroit ni de grandes vues, ni un but fort élevé. Mais, pour peu qu’on les lise avec quelque attention, on reconnoîtra aisément que ces poëtes les rapportent comme ayant été adoptées et reçues dans des temps plus anciens, non comme nouvelles et comme étant de leur invention[1]. De plus, des auteurs contemporains les uns des autres les rapportant de différentes manières, on doit en inférer que ce qu’elles ont de commun vient des temps plus anciens ; et que leurs différences et leurs variations viennent des additions que les différens auteurs auront jugé à propos d’y faire pour les embellir et les rendre plus agréables ; ce seroit même cette dernière considération qui leur donneroit plus de prix à nos yeux, et qui nous détermineroit à les regarder, non comme des productions de ces poëtes mêmes qui nous les ont

  1. Par exemple, Homère a eu soin de nous dire qu’il les tenoit de sa muse ; cependant il ne nous dit pas de qui sa muse les tenoit : mais cette muse, c’étoit probablement son aïeule.