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PRÉFACE

se seroit jamais avisé de raconter, ni même d’imaginer, on peut en inférer qu’elles avoient une autre destination. De ce dernier genre est la suivante. Jupiter, disent les poëtes, épousa Metis ; sitôt qu’il la vit enceinte, il la dévora ; il eut ensuite lui-même une sorte de grossesse ; et, au terme ordinaire de l’accouchement, Pallas sortit de son cerveau toute armée. Il est clair qu’un conte si monstrueux, si extravagant et si éloigné de toutes les voies de la pensée humaine, ne se seroit pas présenté de lui-même à l’esprit d’un mortel, pas même en songe. Une des considérations qui ont le plus contribué à confirmer notre sentiment sur ce point, c’est que la plupart des fables dont nous parlons, n’étoient pas de l’invention des poëtes qui les ont publiées ou rendues célèbres, tels que Homère, Hésiode, etc. Car, s’il étoit bien prouvé que ces fictions appartenoient réellement aux poëtes dont nous les tenons, une telle origine (autant que nous pouvons le présumer) ne nous annon-