Page:Bacon - Œuvres, tome 15.djvu/134

Cette page a été validée par deux contributeurs.
129
DES ANCIENS.

lice, soit afin qu’Atalante pût la voir, soit afin de l’engager à se détourner de la droite ligne, pour la ramasser et de lui faire perdre du temps. Atalante (qui avoit le foible de son sexe)[1], se laissant éblouir par l’éclat de cette pomme, quitta le stade courut après la pomme, et se baissa pour la ramasser. Hippomène, profitant du temps qu’elle perdoit, franchit un assez grand espace et la laissa derrière. Cependant Atalante, qui avoit naturellement l’avantage sur lui, eut bientôt regagné le temps perdu et le devança de nouveau. Mais Hippomène ayant jeté successivement les deux autres pommes, la retarda tellement par ce moyen, qu’il remporta le prix qu’il dut à la ruse et non à son agilité.

Cette fable figure allégoriquement, et d’une manière sensible, les combats que

  1. Salomon et Pilpay prétendent qu’il n’est point de femme, quelque légère qu’elle puisse être à la course, qu’on ne puisse attraper aisément avec de pareilles pommes.