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PRÉFACE

temps, ou enfin transporter une partie de telle fable dans telle autre, pour former du tout une nouvelle allégorie ; ces variations n’ébranlent point notre sentiment, et sont d’autant moins étonnantes, que les inventeurs de ces fables n’ont ni vécu dans les mêmes temps, ni visé aux mêmes buts ; quelques-unes de ces fictions étant fort anciennes, et les autres beaucoup plus modernes ; les unes servant de voile à des principes ou à des systèmes de physique, et les autres à des maximes de morale ou de politique. Ajoutez que, dans quelques-unes de ces fables, la narration est quelquefois si ridicule et si absurde, que cette absurdité même démontre leur destination et leur sens allégorique ; car, lorsque la narration d’une fable n’a rien d’invraisemblable ni de choquant, on peut présumer qu’on ne l’a inventée que pour le simple amusement, et que, dans cette vue, on a tâché de donner au récit la vraisemblance historique : mais, lorsqu’on y voit des choses que personne ne