Page:Bacon - Œuvres, tome 15.djvu/112

Cette page a été validée par deux contributeurs.
107
DES ANCIENS

ditions ne tirent pas aussi aisément parti de leurs talens hors de leur patrie au lieu que l’admiration qu’excitent les hommes de talens et leur renommée se propage et s’accroît plus aisément en pays étrangers, la plupart des hommes étant naturellement portés à donner la préférence aux étrangers sur leurs concitoyens, relativement aux ouvrages et aux productions de ce genre[1].

Ce que cette fable dit ensuite des avantages et des inconvéniens des arts méchaniques est incontestable. En effet, la

  1. Nul n’est prophète en son pays, parce que son pays est le chef-lieu et le quartier-général de ses envieux et de ses ennemis. Ainsi, pour conserver ou augmenter sa réputation, il faut s’absenter de son pays, ou par des voyages, ou par une profonde solitude, à l’exemple de Démocrite, de Pythagore, de Mahomet, de J.J. Rousseau, de Voltaire, etc. Le nom de l’émule absent est la pierre que les émules présens se jettent les uns aux autres ; ils le vantent, pour se déprimer réciproquement ; à peu près comme les gens d’esprit, dans la classe des hommes d’État, aveuglés par leur jalousie réciproque, en s’abaissait les uns les autres, élèvent les sots.