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DES ANCIENS

ce méchanicien, ne réparant un mal que par un mal plus grand, et entassant crime sur crime, imagina et exécuta le fameux labyrinthe, pour la sûreté de ce monstre. Dans la suite, Dédale n’ayant pas voulu devoir uniquement sa réputation à des inventions et à des ouvrages nuisibles (en un mot, ayant voulu fournir lui-même des remèdes au mal qu’il avoit fait, comme il avoit précédemment fourni des instrumens au crime), ce fut encore à lui qu’on dut l’ingénieuse idée de ce fil à l’aide duquel on pouvoit suivre tous les détours du labyrinthe, et le parcourir en entier, sans s’y perdre. La justice de Minos[1] s’attacha long-temps à poursuivre ce Dédale, avec autant de diligence que de sévérité ; mais toutes ses perquisitions furent inutiles, le méchanicien trouva toujours des asyles, et échap-

  1. Comment les Crétois purent-ils se résoudre à se laisser gouverner par un homme qui ne sut pas gouverner son épouse, et auquel cette épouse préféra une bête ?