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PRÉFACE

dérobés, les rendit à ce dieu ; ne reconnoisse aussi-tôt que cette fable figure allégoriquement ces violentes insurrections qui coupent aux rois les deux principaux nerfs ; savoir, ceux de l’argent et de l’autorité de manière toutefois qu’à l’aide de discours gracieux et populaires, ou de sages édits, ils recouvrent, pour ainsi dire, furtivement et en très peu de temps, l’affection de leurs sujets et la force qui en dérive ; ou qui enfin, en lisant dans les auteurs fabuleux que, dans cette expédition si mémorable des géans, l’âne de Silène, qui ne cessa de braire durant le combat, contribua beaucoup à la défaite de ces enfans de la terre, ne voie, au premier coup d’œil, que cette fiction désigne ces immenses coalitions de rebelles, qu’on voit le plus souvent dissipées par des nouvelles hazardées et de vains bruits qui répandent la terreur parmi eux[1]. De même, qui

  1. Ou par la voix d’un grand braillard, dont les éclats sont pour la multitude autant de démons-