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des anciens.

tre toutes les statues de ce héros, et abolit tous les honneurs qu’on lui rendoit : on ne pouvoit même, sans danger, déplorer cette fin tragique. Mais ses compagnons, malgré cette défense, pleurant continuellement la mort de leur chef, et faisant tout retentir de leurs plaintes, furent changés en cygnes ; oiseaux qui, près de mourir, ont eux-mêmes un chant fort doux, qui a je ne sais quoi de lugubre et de plaintif.

Le sujet de cette fable est tout-à-fait extraordinaire et unique en son genre ; car nous ne connoissons aucune fable où il soit dit que tout autre héros que Diomède ait blessé quelque divinité. Cette fiction est visiblement destinée à peindre le caractère et le sort d’un homme dont la principale fin et le dessein formel est d’attaquer et de ruiner, par la force des armes, quelque culte divin ou quelque secte religieuse, même puérile, ridicule, et méritant à peine de fixer l’attention ; car, quoique les guerres san-