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sage perpétuel de l’hyperbole[1], figure presque toujours déplacée, ne convient qu’à l’amour. Or, cette exagération n’est pas seulement dans les expressions des amans, elle est aussi dans leurs idées : en effet, quoiqu’on ait dit avec fondement que le flatteur par excellence et celui avec lequel s’entendent tous les petits, est notre amour-propre, cependant un amant est un flatteur cent fois pire ; car, quelque haute idée que puisse avoir de lui-même l’homme le plus vain elle n’approche pas de celle que l’amant a de la personne aimée [2]. Aussi a-t-on

  1. À proprement parler, l’hyperbole est une figure commune à toutes les passions ; car toute passion a pour cause une opinion exagérée ; exagération qui se fait toujours sentir par les expresssions, excepté dans les momens où l’on dissimule.
  2. Ces deux propositions ne sont au fond que la même : les amans passionnés sont ordinairement des hommes très vains, qui, se flattant de mériter une femme parfaite, s’imaginent aisément l’avoir trouvée. Cette maladie est composée