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l’envie ne porte ses coups que dans les ténèbres, et travaille invisiblement à détériorer les meilleures choses qui, dans la parabole dont ce passage est tiré, sont souvent figurées par le bon grain.

X. De l’amour.

Le théâtre a de plus grandes obligations à l’amour, que la vie réelle de l’homme. En effet, cette passion est le sujet le plus ordinaire des comédies, et quelquefois même celui des tragédies ; mais elle cause les plus grands maux dans la vie ordinaire, où elle est, tantôt une sirène, tantôt une furie. On doit observer que, parmi les grands hommes, soit anciens, soit modernes, dont la mémoire s’est conservée, on n’en voit aucun qui se soit liyré avec excès aux transports d’un amour insensé : ce qui semble prouver que les grandes âmes et les grandes affaires sont incompatibles avec cette foiblesse. Il faut toutefois en excepter Marc-Antoine et Appius le décemvir ; le premier étoit un homme adon-