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roient être dangereuses. C’est, en général, un frein nécessaire pour contenir les grands et les empêcher d’abuser de leur influence[1].

Cette sorte d’envie que les Latins désignoient par le mot invidia, et qui, dans les langues modernes, est désignée par celui de mécontentement, est un sujet que nous traiterons plus amplement en parlant des troubles et des séditions. C’est dans un état une espèce de maladie contagieuse : car, de même que les

  1. Une république est presque toujours détruite par quelque personnage brillant qui attire et concentre sur lui seul l’attention due à la patrie, et qui use généreusement d’un pouvoir dont abuseront un jour les sots ou les méchans qui lui succéderont, comme l’observoit, dans le sénat, au sujet des complices de Catilina, Jules-César lui-même, qui se proposoit de tirer bientôt la conséquence pratique de ce principe. Une monarchie commence au règne d’un héros et finit au règne d’un sot ; mais cette maxime n’est pas générale. Quoi qu’il en soit, l’ostracisme d’Athènes est le vrai remède à l’inconvénient dont nous parlons.