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L’élévation des personnes d’une naissance illustre est moins enviée que celle des hommes nouveaux ; il semble qu’en s’élevant ainsi, elles ne fassent que jouir d’un droit attaché à leur naissance : de plus, leur fortune ne paroît pas fort augmentée par ces distinctions ; et l’envie est semblable aux rayons du soleil, qui donnent avec plus de force sur les côteaux que sur les plaines. Aussi ceux qui mon-

    Epaminondas, Marius et Sylla, Sylla encore et Pompée, César et Caton d’Utique, Turenne et Condé, Michel Ange et Raphaël, Aristote et Bacon, Bacon encore et Descartes, Corneille et Racine, Newton et Leibnitz, Voltaire et Rousseau, etc. Sans cette duplication de personnages transcendans, le public fortement attiré par un seul vers l’un des extrêmes, se jetteroit tout d’un côté, et il n’y auroit plus d’équilibre. Celui des deux rivaux qui paroît le dernier, désole celui qui a paru le premier ; mais il console le public en partageant son admiration qu’il n’aime pas à concentrer sur un seul individu, et ce dernier venu, en le tirant à soi, le ramène, par cela seul, vers le milieu dont l’autre l’a tiré. Ce phénomène du monde de l’homme n’est qu’une image, ou plutôt