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les bâtards, sont ordinairement envieux ; car tout homme affligé d’une disgrâce qu’il croit sans remède, et qui désespère d’améliorer sa condition, s’efforce de détériorer celle des autres ; à moins que ces disgrâces, naturelles ou accidentelles, ne se trouvent jointes à une âme générense et héroïque, dans un homme qui veuille, en les tournant à son avantage, passer pour une sorte de prodige, et faire dire de lui : c’est pourtant un eunuque, ou un boiteux, qui a fait de si grandes choses ! De ce caractère fut l’eunuque Narsès, ainsi qu’Agésilas et Tamerlan, qui étoient boiteux.

Il en est de même de ceux qui, après de longues disgrâces, parviennent à se relever. Mécontens de tous leurs contemporains, ils regardent les disgrâces des autres comme une sorte de compensation et d’indemnité pour celles qu’ils ont eux-mêmes essuyées[1].

  1. La véritable raison de leur âpreté est qu’ils croient avoir des vengeances à tirer de tous ceux