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constant, sont ordinairement de bons maris. Aussi la Fable dit-elle d’Ulysse, qu’il préféra sa vieille à l’immortalité[1].

Trop souvent les femmes chastes, enflées du mérite de cette chasteté, et fières de leur terrible vertu, sont d’un caractère revêche et intraitable[2]. Une femme

  1. Peu jaloux d’épouser une divinité, il préféra sa vieille à l’immortalité. Aux époques où Ulysse préféra Pénélope à Circé et à Calypso, il ne l’avoit encore vue que jeune, et l’avoit laissée telle à la maison. La réalité conjugale avoit vieilli ; mais son image étoit encore jeune. Peut-être, si le héros de la chasteté avoit vu son épouse à côté de l’une ou de l’autre des deux déesses, aurroit-il préféré une jeune immortelle à une vieille mortelle. Mais cette dernière fiction n’auroit pas accommodé les vieillards qui ont inventé l’autre, pour faire accroire aux jeunes gens que le vieux vaut mieux que le neuf.
  2. Au lieu que les femmes moins sages bercent par mille petits soins très agréables, quoique un peu suspects, un débonnaire époux qui veut bien se crever les yeux, et lui rendent la vie extrêmement douce, comme il est dit au dernier cha-