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assez indifférent que les juges et les magistrats soient mariés, ou non ; car, si un homme de cette classe est facile à corrompre, il aura un domestique cent fois plus avide que ne l’eût été son épouse. Quant aux soldats, je vois dans l’histoire, que les généraux, en leur parlant pour les animer au combat, leur rappellent toujours le souvenir de leurs femmes et de leurs enfans. Ainsi, je serois porté à croire que le mépris du mariage parmi les Turcs, est ce qui rend leurs soldats moins courageux et moins résolus.

Au reste, une femme et des enfans sont, pour ainsi dire, une école perpétuelle d’humanité ; et quoique, en général, les célibataires soient plus charitables que les gens mariés, parce qu’ils ont moins de dépenses à faire ; d’un autre coté, ils sont plus cruels, plus austères, plus durs, et plus propres pour exercer l’office d’inquisiteur, parce qu’ils ont autour d’eux moins d’objets qui puissent réveiller fréquemment dans leur