Page:Bacon - Œuvres, tome 12.djvu/64

Cette page n’a pas encore été corrigée

souvenir, est une prérogative propre à l’homme. Aussi voit-on que les ouvrages les plus mémorables, et les plus beaux établissemens, ont été faits par des hommes qui n’avoient point d’enfans, et qui sembloient s’être uniquement attachés à bien exprimer l’image de leur âme, ou de leur génie ; image qui devoit leur survivre, quand celle de leur corps auroit été détruite. Ainsi, les hommes qui s’occupent le plus de la postérité, ce sont ceux mêmes qui n’ont point de postérité. Ceux qui ont les premiers illustré leur famille, sont ordinairement un peu trop indulgens pour leurs enfans, qu’ils considèrent, non-seulement comme destinés à perpétuer leur race, mais encore comme héritiers de leurs glorieuses actions on productions ; ils les envisagent tout à la fois comme leurs enfans et comme leurs créatures.

Les pères et les mères qui ont un certain nombre d’enfans, ont rarement une égale tendresse pour tous ; il y a toujours quelque prédilection, souvent injuste et